Chronique

Les goûts et les…

Celui des femmes est plus développé, il s’améliore au cours de la journée, il est plus affuté quand il fait humide, ce qu’il détecte provoque d’abord une réponse émotionnelle avant l’analyse de l’information recueillie (à l’inverse de l’ouïe et de la vue), 1.000 gènes y sont consacrés (1 seul pour l’ouïe) et tout se passe dans 2cm2. 

Par Stéphanie Delacroix

 

 

5% de la population (pré-Covid) n’en avait pas du tout ou très peu, 15 % en avait un très faible. 

80 % de ce que nous goûtons est détecté par lui et non pas par les papilles. 

A vue de nez, au pif, vous diriez que je parle de quoi ? Oui touché, il s’agit bien de l’odorat. Ses troubles sont : l’hyposmie, avoir peu d’odorat, la parosmie : avoir l’odorat…inversé, l’odeur des roses, du pain frais et de l’herbe coupée devient répugnante et celle des égouts agréables, la fantosmie : avoir des hallucinations olfactives et l’anosmie : absence totale d’odorat, ça pose forcement quelques problèmes mais ça veut aussi dire que plus rien ne pue, refoule, schlingue, poque, fouette, daube, kindave, schmoute.

En français, à part l’odeur de sainteté et celle de l’argent qui depuis Vespasien il y a 20 siècles n’en a pas (l’argent pas Vespasien parce que tout empereur romain fut il en avait forcément une), je ne vois aucune expression flattant l’odorat, nos amis anglophones en ont davantage. « To come up smelling of roses », maintenir une bonne réputation après avoir été impliqué dans des histoires louches. Vivre d’amour et d’eau fraîche doit être beaucoup moins agréable dans les pays anglophones puisque ça se dit «to live off the smell of an oily rag » littéralement vivre de l’odeur d’un chiffon gras ! Percevoir un piège se dit « to smell a rat » alors que les rats sont propres et ne sentent pas mauvais du tout sauf si on les force à vivre dans des conditions indignes. Les rats ont un des meilleurs odorats du règne animal (avec les éléphants, les cochons et les chiens). De nombreuses études ont prouvé leur intelligence et leur altruisme. Leur odorat de rat leur permet de détecter l’odeur d’un rat qui a vraiment faim (et pas seulement un gourmand) et leur indique ainsi avec qui partager leur nourriture en premier !

Les chiens (entraînés) sont capables de sentir les maladies (plusieurs types de cancers, diabète, Parkinson, malaria, Covid-19…), et la peur. Si nous sentions aussi bien (pas aussi bon) qu’un chien nous serions capables de sentir une cuillère à café de sucre diluée dans cinq millions de litres d’eau (deux piscines olympiques – Ah oui quand même) ! L’odeur du sucre cuit (caramel) je vois bien, enfin je sens bien, mais l’odeur du sucre seul je ne suis pas sûre…essayez ?

En Indonésie il y a deux verbes pour sentir (le sentir des odeurs pas le sentir des sensations ou des sentiments) il y a le verbe transitif Cium (qui sert aussi pour dire embrasser avec les lèvres ou avec le nez, parce que oui on est un peu Inuit ici, les gens d’une même famille, se font des baisers « esquimau » c’est très mignon. On notera que dans les pays du Golf, au Yemen, en Malaisie, en Afrique et en Polynésie aussi) et le verbe intransitif Bau (ça sent bon, mauvais, fort, le brûlé etc…).

Au Japon ce n’est pas le fait d’émettre ou de percevoir l’odeur qui change le mot, c’est le fait que l’odeur soit agréable ou pas ! 香りkaori pour les bonnes odeurs et 臭い nioi pour les autres. Le parfum que l’on porte c’est 香水 Kōsui, de l’eau qui a une bonne odeur…logique. Le kanji de l’odeur (la bonne) vous est probablement aussi familier que l’odeur de sa maman pour un enfant humain ou autre puisque c’est le premier idéogramme de Hong-Kong : 香港 (parfum + port), allez donc renifler un peu l’eau de Victoria Harbor et dites-moi ce que vous en pensez !

Pour finir n’oublions pas (et la mémoire olfactive dure plus longtemps que la mémoire visuelle, puisque des tests ont montré que les humains se rappellent à 65 % d’une odeur après un an alors que le rappel visuel est seulement de 50 % après trois mois) que même si c’est le plus souvent un choix inconscient, l’odeur de l’autre est un facteur de choix de nos relations sociales et amoureuses, puisque nous avons toutes et tous une odeur aussi unique que nos empreintes digitales comme le clame Téléphone depuis 1982 :

 

« Ça se sent, ça, ça !

Ça se sent, ça se sent, ça se sent que c’est toi

Ça se sent

Ça se sent que c’est toi

Ça se sent (et personne d’autre)

Ça se sent que c’est toi (ça se sent ça se sent)

Ça se sent (Aïe, aïe, aïe, aïe)

Ça se sent que c’est toi (Ça se sent)

Ça se sent, ça se sent, ça se sent

Mais rien d’autre que toi

Non rien que toi

Que toi

Non rien d’autre que toi

Que toi

Non rien d’autre que toi».